Ilumina oculos menos, nequando obdormiam in morte : nequando dicat inimicus meus : Praevalui adversus enum.







samedi 18 juin 2011

Le chien sans qualités

« Le principal allié de Matton était et est encore, sans doute, un avocat franco-suisse qui me déteste lui aussi depuis certain incident arrivé à Genève, cette fois, vers 1990, quand m'avait invité là-bas le groupe achrien local. Je me souviens vaguement qu'était survenu pendant ce séjour un épisode assez déplaisant mais tout à fait marginal et localisé, que l'avocat a voulu me rappeler, il y a quelques années, parce qu'il trouvait que j'y avais eu grand tort. Je n'ai pas voulu lui laisser ce plaisir, pour lequel il manifestait une impatience de mauvais augure, trouvais-je. Depuis lors il multiplie les piques à mon égard, mais je suis loin d'être sa seule victime, il s'en faut de beaucoup. S'est adjoint à ces deux animateurs un jeune homme que j'ai rencontré une fois et qui, lui, n'est pas antipathique, mais qui ne sait à quel saint ou diable se vouer, au point qu'il fait penser à ces chiens perdus sans collier qui suivent tous les passants, dans la rue, dans l'espoir qu'on va les adopter, et qui font des grâces à tous les partis sans s'apercevoir que leurs fidélités simultanées ne sont pas très compatibles. »

Parti pris, Journal 2010, Renaud Camus, (entrée du 4 mars)

Vous aurez donc compris, ô mes trois pelés et deux tondus de lecteurs, que le chien perdu sans collier, c'est moi. Mais qui, moi ? Beh, un bâtard errant, mi-neuneu mi-faux-cul, sans nom ni passé.
Enfin, ça, c'est ce qu'on pourrait croire à lire la prose de notre candidat à la prochaine présidence de la République, ami de l'urbanité, des convenances et des bonnes manières.
Il est très étrange de se voir ainsi décrit, comme si rien d'autre qu'un scepticisme à l'égard du fait qu'un écrivain très critique (et c'est peu dire) à l'égard de la modernité donne à voir ses tableaux sur un site de partage webmatique, comme si rien d'autre, donc, n'avait existé. Je n'en étais tout de même pas à mon premier commentaire sur la SLRC (j'allais quitter ce forum peu après, pour de tout autres raisons).
Il est très étrange de se voir ainsi rabaissé au rang d'un bâtard errant, parce qu'on n'a pas l'heur de rentrer dans la gueule des contempteurs de cette oeuvre picturale (n'importe qui peut lire ce que je peux répondre aux uns et aux autres, il n'est question ni de duplicité, ni de courtisanerie dans mes messages).
Mais peut-être Renaud Camus, à force de se faire appeler Maître dans certains salons, a-t-il l'impression que ses lecteurs sont des chiens avides de ses caresses ?
Ne vous en déplaise, Renaud Camus, on peut aimer un écrivain et être perplexe quant à quelques-unes de ses réalisations, on peut discuter avec des gens qui attaquent vos oeuvres en les respectant, on peut contester certains de leurs propos tout en essayant de les comprendre, on peut être d'accord avec telle affirmation de l'un et telle d'un autre sans chercher un maître, on peut douter et rester courtois sans être un chien.
Et on peut aussi avoir été un de vos admirateurs et avoir un nom : le mien, c'est Pascal Labeuche.

1 commentaire:

Marcoroz a dit…

Si Renaud Camus parle ainsi de ses admirateurs, alors il ne mérite peut-être pas d'en avoir.